Assemblée générale 2015
Lydie Evrard, Déléguée Interministérielle aux Normes, a remis, en début d’année, à Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, un rapport intitulé "Politique nationale de normalisation et stratégie pour la compétitivité de notre économie". L’élan impulsé par cette mission publique a incité l’UNM à en faire le thème principal de la première assemblée générale présidée par Jérôme Bataille : "Normalisation, levier de compétitivité pour l’industrie, quels enjeux pour les filières mécanique et caoutchouc ?".
La Déléguée Interministérielle aux Normes introduit le débat en présentant son rapport. Elle souligne l’importance de bien positionner les acteurs français au regard des enjeux en matière de normalisation et d’élaborer à cette fin une stratégie nationale de normalisation.
Le rapport évoque un système français de normalisation présentant des atouts forts : une architecture solide, le rang tenu par AFNOR dans les instances européennes et internationales, les initiatives développées par certains secteurs pour traduire les enjeux de stratégie industrielle en enjeux de normalisation, en se dotant d’enceintes où ils peuvent en débattre, suffisamment en amont pour être en mesure de se positionner. Pourtant, l’organisation actuelle du système français de normalisation ne permet pas le développement de cette dimension stratégique de façon pleinement satisfaisante.
L’élaboration d’une stratégie devrait s’envisager pour une filière donnée, et être pilotée par les acteurs de cette filière qui sont les mieux placés pour identifier les enjeux actuels et à venir. Les travaux de normalisation doivent être menés au regard de la plus-value qu’ils apportent pour les enjeux de développement économique de notre pays.
La vision complète d’un système complexe comme celui de la normalisation est difficile. La coordination constitue un facteur clé. Une vision concertée des orientations à donner au système français de normalisation doit être construite, ce qui appelle l’élaboration et la mise en œuvre d’une véritable politique nationale de normalisation, qui soit affirmée et partagée. Le rapport propose d’élaborer et de promouvoir cette politique, dans une vision partagée entre l’Etat, garant de l’efficacité globale du système de normalisation, et les acteurs économiques, dont les intérêts stratégiques doivent être placés au cœur de ce système. Il propose que cette politique nationale soit élaborée par un Conseil d’orientation de la politique de normalisation (COPN).
La normalisation au service des acteurs économiques, les enjeux stratégiques de la normalisation mis en visibilité, l’Etat plus impliqué dans son rôle de régulateur, ont permis au rapport de recevoir un accueil globalement favorable. Des précisions ont été apportées, en particulier sur le rôle de l’Etat ainsi que sur le concept de politique nationale de normalisation, présenté comme un ensemble de principes directeur plutôt qu’un plan de normalisation constitué d’une liste de normes à élaborer. La normalisation doit être un outil, un levier de compétitivité au service des stratégies industrielles.
Les prochaines étapes consisteront dans la mise en place du COPN, de la formalisation de ses missions et de l’élaboration de la politique nationale de normalisation, en concertation avec le CCPN, Comité de Coordination et de Pilotage de la Normalisation d’AFNOR, dont l’UNM est membre. Il s’agit effectivement d’une amélioration du système français de normalisation pour en renforcer la visibilité et l’attractivité.
Le ministre a salué le travail de réflexion et de concertation, qui a permis une analyse approfondie du fonctionnement du système français de normalisation et la formulation de propositions ambitieuses pour mieux prendre en compte la dimension stratégique de la normalisation, au service de la compétitivité et de la croissance.
Responsable R&T de VOLUM-e, Eric Baustert présente son entreprise, PME de 50 personnes, spécialisée dans la fabrication additive, au service des secteurs du luxe, du design, de la joaillerie, de l’aéronautique, de l’automobile, du médical, de la pharmaceutique, des télécommunications… Cette longue liste de secteurs clients démontre l’intérêt de cette technologie récente (encore souvent appelée impression 3D dans les médias…) qui a conduit la PME à se développer très significativement. VOLUM-e s’est impliquée activement dans les travaux de normalisation dès leur lancement en 2010, en tant qu’expert dans un premier temps, puis en prenant la responsabilité de la Présidence de la commission de normalisation UNM 920 "Fabrication additive", puis dans les groupes de travail ISO du comité ISO/TC 261 et enfin, cette année, en prenant la Présidence du nouveau comité technique européen CEN/TC 438, dont le secrétariat est assuré par l’UNM. Cette progression exemplaire dans les instances normatives, démontre l’intérêt que la PME y trouve : lieu d’échanges avec des donneurs d’ordre (hors de la relation achat/vente) et des fournisseurs de premier rang, constitution d’un réseau national et international qui permet à la PME de s’intégrer dans des projets collaboratifs R&D européens, veille concurrentielle et technologique, image, crédibilité, notoriété et confiance… Cet investissement est cependant lourd pour une PME, tout particulièrement la participation aux réunions internationales. Les soutiens financiers accordés à travers le programme du SQUALPI - soutien collectif aux PME - sont essentiels et doivent être pérennisés.
Renaud Buronfosse, Délégué Général du CISMA, syndicat professionnel des constructeurs de biens d'équipement pour le BTP, la manutention et la sidérurgie, regroupant plus de 200 adhérents, PME, ETI et filiales de grands groupes, explique comment la normalisation est intégrée dans la stratégie de la profession. Le CISMA écoute et accompagne ses adhérents par pôle d’expertise : économique, technique, promotion communication, juridique, export. Il entretient des relations étroites avec les organismes importants dans les différentes activités considérées : AFNOR, UNM, ministères de l’Industrie et du Travail…
Le syndicat participe activement aux travaux des différentes commissions de normalisation concernant les équipements fabriqués par les adhérents ; il travaille à la définition de positions communes avec ses membres sur les différents projets pour défendre leur savoir-faire et les transférer dans les positions prises au sein des commissions de normalisation nationales ou des comités techniques. Il accompagne ses membres dans les réunions des comités CEN & ISO. Il a négocié un programme de soutien collectif avec le SQUALPI, pour la prise en charge d’une partie des frais de participations des experts de PME aux réunions internationales de normalisation et confirme, lui aussi, l’importance de pérenniser ce type de programme public de soutien.
Le CISMA, quand l’intérêt stratégique de ses adhérents le justifie, se positionne pour la Présidence du comité technique CEN ou ISO correspondant et finance le secrétariat afférent ; c’est le cas de l’ISO/TC110/SC4, de l’ISO/TC96/SC7, du CEN/TC 148, du CEN/TC337 ; il prend également des responsabilités d’animateur de groupe de travail CEN ou ISO et en finance les secrétariats, pour promouvoir la technologie française dans les normes internationales. Il précise enfin, beaucoup s’appuyer sur le Cetim, car les travaux de normalisation nécessitent de nombreuses études techniques préalables.
Seul bémol à une implication exemplaire et difficulté significative dans une économie mondialisée : dans les entreprises internationales, les intérêts de la maison mère peuvent être sensiblement différents de ceux de leur filiale française : le syndicat tente alors de trouver des alliés pour assurer la promotion du savoir-faire français.
Pascal Souquet, Responsable R&D à l'agence de Programme du Cetim, présente en avant-première la démarche et l’ouvrage Technologies Prioritaires en Mécanique 2020, élaboré par le Cetim en partenariat avec la FIM, le CETIAT, l’Institut de Soudure. Cet ouvrage, dont c’est la 5ième édition, est très largement utilisé par les entreprises dans leurs orientations stratégiques à venir.
Cet exercice de prospective s’appuie sur une analyse des tendances du marché, l’exploitation d’autres exercices similaires conduits dans le monde, les démarches conduites dans le cadre des réflexions sur l’usine du futur consiste donc à identifier les technologies d’avenir pour les industriels mécaniciens, en réponse aux besoins sociétaux.
Les technologies prioritaires 2020 en mécanique, au nombre de 53, sont regroupées en 6 familles différentes, dénommées "briques": conception et simulation, matériaux et surfaces, mécatronique/contrôle/surveillance, procédés de fabrication, développement durable, numérique (nouvelle brique). Chaque technologie prioritaire fait l’objet d’une fiche de deux pages, précisant les marchés concernés, les enjeux vis-à-vis de l’usine du futur, le degré de maturité (TRL), l’impact compétitif, les difficultés d’acquisition, les freins au développement, les évolutions probables.
Cet exercice prospectif est utilisé en normalisation ; il permet d’identifier les nouvelles technologies qui vont se déployer sur les marchés, d’anticiper les besoins de nouveaux référentiels ; il apporte une contribution française significative dans les projets internationaux.
En clôture de l’Assemblée Générale, le Président Jérôme Bataille, a remis le trophée de la normalisation en mécanique et caoutchouc à quatre personnalités représentant des organismes ou s’étant personnellement engagées dans les travaux des commissions de normalisation UNM.
De gauche à droite :
- Patrice Caulier, société BOBCAT, adhérente du syndicat CISMA
- Jérôme Bataille, Président UNM
- Robert Dodane, société WILO SALSON, adhérente du syndicat PROFLUID
- Alexandre Popa, société PENTAIR, adhérente du syndicat PROFLUID
- Christophe Rousseau, société HUTCHINSON, adhérente du syndicat SNCP,
- Philippe Contet, directeur Général UNM
A nouveau, toutes nos félicitations à ces experts !
Pour plus d'informations, vous pouvez vous adresser à Philippe Contet.
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