Impact économique de la normalisation sur l'activité des entreprises
Pour la première fois dans le monde, une étude chiffrée mesure l'impact de l'implication d'une entreprise en normalisation sur son développement économique. Les résultats sont convaincants : l'UNM en a fait le thème principal de son Assemblée Générale le 30 juin.
Les résultats de l'étude...
Olivier Peyrat, Directeur Général AFNOR, présente les résultats de l'étude commandée par AFNOR au BIPE menée en 2015 sur 2 100 entreprises de tous secteurs d'activité. Le BIPE est une société indépendante d'études économiques et de conseil en stratégie auprès des entreprises et des pouvoirs publics ; son apport se situe dans sa capacité à quantifier, prévoir, anticiper l'évolution de l'environnement économique, à partir de différents savoir-faire quantitatifs et qualitatifs.
Les études qui avaient été menées jusqu'à présent à travers le monde (dont celle d'AFNOR en 2009) établissaient un lien entre la production de normes (évolution du stock de normes publiées) et des indicateurs macro-économiques (par exemple l'évolution du PIB). Aujourd'hui, un pas supplémentaire est franchi : un lien de causalité est établi entre l'implication en normalisation des entreprises et l'évolution de leur activité économique.
"AFNOR a été fondée le 22 juin 1926, il y a donc 90 ans, la FIM figurant parmi les membres fondateurs. Cette création s'est fait en réponse à un mouvement international." Olivier Peyrat
À retenir :
- la croissance annuelle du chiffre d'affaires des entreprises participant aux commissions de normalisation est 20 % supérieure à celle des autres entreprises du secteur.
- le surcroît de chiffre d'affaire à l'export des entreprises participant aux commissions de normalisation ou ayant acheté des normes est de 19 % par rapport aux autres entreprises du secteur. Raison : l'implication dans les travaux de normalisation ouvre des marchés en permettant d'être au bon endroit, au bon moment avec le bon produit.
- l'apport annuel de l'utilisation des normes volontaires à la production française est de 15 milliards d'euros (soit 0,4 % de l'activité des entreprises françaises). Explication : les normes publiées aujourd'hui en France sont à 90 % européennes ou internationales et constituent un référentiel unifié facilitant l'export des produits.
- l'apport annuel de l'utilisation des normes volontaires à la valeur ajoutée des entreprises françaises est de 3 milliards d'euros.
La normalisation volontaire contribue donc à développer la croissance.
La normalisation est un levier de compétitivité. Il reste à le valoriser.
La Fabrique de l'industrie, laboratoire d'idées créé pour que la réflexion collective sur les enjeux industriels gagne en ampleur et en qualité, a publié un rapport très éclairant sur la réglementation et la normalisation. Emilie Bourdu, co-auteure de ce rapport intitulé "Réglementation, normalisation, leviers de compétitivité industrielle" souligne que la normalisation est un levier négligé de compétitivité industrielle. Une première partie du rapport se consacre au lien entre réglementation et normalisation : règles et normes, règles du jeu de la compétitivité industrielle, sont confondues dans le débat public : seulement 350 normes sont obligatoires, soit 1 % des 35 000 normes (à comparer aux 400 000 règlementations obligatoires). Selon l'OCDE, la diminution des contraintes réglementaires aurait un impact de 0,2 et 0,3 % de croissance supplémentaire sur un horizon de 5 et 10 ans respectivement.
La normalisation est un levier de compétitivité à valoriser, véritable atout pour les entreprises. En assurant l'interopérabilité des produits, elle permet d'homogénéiser les caractéristiques de différents marchés. Le recours à la normalisation facilite l'accès des entreprises à des marchés éloignés : la norme rassure les partenaires commerciaux internationaux et les investisseurs. C'est également un vecteur de bonnes pratiques et d'innovation : les normes améliorent les performances des entreprises qui les adoptent et suscitent un transfert de compétence entre entreprises. Dans la compétition internationale, participer à la normalisation permet d'influer sur les produits et services qui composeront le marché à l'avenir, de promouvoir ses technologies, d'influencer le comportement des acteurs et de participer aux négociations.
Une stratégie de normalisation française plus offensive servirait notre compétitivité, à la fois en élargissant les débouchés de nos produits, en permettant des économies d'échelle, donc un meilleur prix, et en signalant leur qualité. Les actions liées à l'Industrie du Futur y contribuent.
Des industriels qui s'engagent et témoignent
Gilles Lemaire est Responsable Etudes avancées au sein de la société Poclain Hydraulics, ETI française, leader mondial des transmissions hydrostatiques, dont Jérôme Bataille (président de l'UNM) est l'un des dirigeants. Les composants fabriqués par Poclain Hydraulics sont insérés dans des équipements très divers comme les camions, engins de chantier ou tracteurs répondant à de multiples réglementations à travers le monde qu'il est difficile de suivre, n'étant pas le cœur de métier de la société.
A titre d'exemple, une limitation de pression indiquée dans la réglementation sur le freinage des remorques agricoles en Europe aurait pu exclure les produits Poclain du marché correspondant. L'utilisation de nombreuses normes pour les interfaces et les moteurs est aussi un gain de temps et d'argent. Elles permettent d'éviter de développer des solutions différentes à chaque configuration.
"Nous sommes acteurs de la norme et nous essayons de l'orienter vers notre technologie mais il faut surtout arriver à rédiger des standards mondiaux." Gilles Lemaire
De son côté, la société Etna Industrie, PME familiale d'une cinquantaine de personnes dirigée par Carole Gratzmuller fabrique des équipements de régulation des fluides (commandes hydrauliques pour disjoncteurs haute tension, accumulateurs à piston, soupapes, détendeurs) intégrant des technologies de plus en plus complexes. Les clients d'Etna sont partout dans le monde et la société est très attachée à la normalisation européenne et internationale. Etna définit la norme comme un outil de travail pour concevoir et dimensionner ses produits en conformité avec la réglementation. Le rôle des normes est donc important pour disposer d'un référentiel reconnu, harmoniser les pratiques (codes de calculs, méthodes, essais), montrer son professionnalisme, intégrer le savoir-faire de l'entreprise, anticiper les évolutions et l'impact sur les produits et confronter les expériences avec celles des autres experts. Etna participe à 3 commissions de normalisation et sa vigilance notamment lors de la révision de la méthode de calcul de la norme sur les accumulateurs hydropneumatiques, a permis à la société de conserver ses conceptions en vigueur et donc de ne pas mettre au rebut des pièces tenues en stock et d'éviter des modifications aux clients.
"Aujourd'hui nous pouvons affirmer que notre implication nous a apporté de véritables résultats économiques par des marchés gagnés, un avantage concurrentiel et une notoriété améliorée."
Carole Gratzmuller
Tous deux de conclure par le rôle tenu par les acteurs professionnels mécaniciens : l'organisation professionnelle (FIM et ses syndicats) définit l'orientation souhaitée par la profession pour les normes qui la concernent et agit au niveau réglementaire, le Cetim apporte un soutien technique à l'action de normalisation en mécanique, le bureau de normalisation UNM apporte sa connaissance du système normatif aux experts pour leur permettre d'utiliser au mieux les techniques de normalisation dans la défense des positions françaises.
Trophées 2016
En clôture de l'Assemblée Générale, le Président Jérôme Bataille, a remis le trophée de la normalisation en mécanique et caoutchouc à cinq personnalités représentant des organismes ou s'étant personnellement engagées dans les travaux des commissions de normalisation UNM.
Toutes nos félicitations à ces experts !
De gauche à droite sur la photo :
Serge Gonzalez, société LAFON, adhérente du Syndicat de la Mesure,
Jérôme Bataille, Président UNM, Cosette Dussaugey, syndicat CISMA,
Philippe Contet, Directeur Général UNM, Brigitte Lorriere, SNECMA-SAFRAN GROUP,
José Da Fonseca, PSA PEUGEOT CITROEN,
Eric Baustert, société VOLUM-e, adhérente de la Fédération Forge Fonderie.
Crédit photo : DR.
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