Sécurité des grues à tour sur les chantiers
Longtemps considéré comme un dispositif d’aide à la conduite, le dispositif anti-collision est, au sens de la directive Machines 2006/42/CE, un composant de sécurité. C’est dans cette optique que les acteurs français ont choisi, sur la base du guide technique mis au point par la profession, de développer une norme européenne harmonisée.
En effet, une circulaire du Ministère du travail de juillet 1987, complétée par la note technique de mars 1991 concernant les mesures particulières de sécurité dans le cas d'installations de grues à tour dont les zones d'action interfèrent, a rendu les dispositifs anti-collision incontournables sur les chantiers français.
Ces dispositions ont été confirmées par le code du travail et en particulier :
- l’Article R 4323-38 qui spécifie que lorsque deux ou plusieurs équipements servant au levage de charges non guidées sont installés ou montés sur un lieu de travail de telle sorte que leurs champs d'action se recouvrent, des mesures sont prises pour éviter les collisions entre les charges ou avec des éléments des équipements de travail eux-mêmes ; et
- l’Article R 4323-36 qui interdit de transporter des charges au-dessus des personnes, sauf si cela est requis pour le bon déroulement des travaux. Dans ce cas, un mode opératoire est défini et appliqué.
Pour répondre à la demande de ses adhérents fabricants de grues à tour face à la diversité des produits et le nombre d’acteurs impliqués, le Cisma, devenu Evolis en juillet 20191, a réuni toutes les parties prenantes afin de rédiger un guide technique spécifiant les exigences minimales des dispositifs anti-collisions pouvant être montés sur les grues à tour.
Puis, les acteurs français ont décidé d’aller plus loin et de développer une norme européenne harmonisée sur la base de ce guide.
Fin 2014, fabricants d’équipements anti-collisions et leaders européens des grues à tour se sont retrouvés, au sein du groupe européen CEN/TC 147/WG 12 "Grues à tour" animé par Manitowoc. Après cinq années de discussions et de partage des pratiques, la norme EN 17076 est en voie d’être publiée.
Cette norme traite du dispositif anti-collision, du dispositif de limitation de l’espace de travail mais aussi du système anti-collision dans son ensemble. Le vocable a été la première mission du groupe avec la précision des notions de volume de travail/de survol, de volume interdit ainsi que les différentes limites telles que limite d’arrêt, d’approche ou encore distance de sécurité.
L’EN 17076 a pour vocation de répondre aux exigences de la directive Machines en définissant en particulier :
- les informations à fournir par les capteurs installés sur la grue,
- le fonctionnement, notamment en cas de défaut, de neutralisation et de mise en mode girouette d’une grue,
- le type de communication entre les dispositifs,
- les informations destinées à l’opérateur de grue et la signalisation extérieure.
Les exigences spécifiées dans la norme constituent une avancée significative pour les acteurs. Toutefois les fabricants de grues à tour ont identifié des points à approfondir tels que les exigences relatives aux capteurs, à l’interface, au système de commande ou encore à l’architecture détaillée pour atteindre les niveaux de performance requis. Le groupe a choisi de traiter ces sujets dans un futur amendement.
Par ailleurs, le groupe européen étant également en charge de la révision de l’EN 14439 "Grues à tour" a intégré les exigences requises pour les dispositifs anti-collisions et les limiteurs d’espace dans cette dernière ; en particulier que toutes les grues à tour doivent être équipées d’un emplacement dédié à la réception de tels dispositifs pour faciliter leur installation lorsqu’ils sont requis.
Le comité européen CEN/TC 147 développe les normes de sécurité pour la conception, la construction et les informations à fournir pour 5 types de produits :
- appareils de levage à charge suspendue,
- équipement pour le levage de personnes sur/avec certains appareils de levage,
- treuils et palans motorisés et leurs structures porteuses,
- les appareils de levage à bras,
- les manipulateurs de déplacement de charge à contrôle manuel.
En revanche, il ne traite pas des dispositifs de levage des équipements de gymnastique et des aires de jeux, des équipements de levage robotisés, des accessoires de levage pour les industriels de verrerie, des accessoires et équipements de levage pour utilisation médicale, des excavatrices utilisées comme appareils de levage à charge suspendue, des blondins.
1 Evolis est le fruit de l’alliance entre deux organisations professionnelles : Cisma et Profluid
Crédit photo : MANITOWOK.