On a tous une histoire avec la normalisation : Benoît Verbeke (Santos)
Les acteurs du système de normalisation partagent leur retour d’expérience.
Témoignage de Benoit Verbeke, Chef de projets développement produits nouveaux (SANTOS) ; Président de l'UNM28 et animateur du CEN/TC 153/WG 4.
Santos et la normalisation
À l’origine, l’entreprise produisait des moulins à café et des râpes à fromage professionnels pour les épiceries de quartier. Depuis 1954, elle fabrique du matériel électrique professionnel pour la préparation culinaire, le café et les boissons fraîches. Aujourd’hui, Santos est représentée dans plus de 130 pays, sur les 5 continents. La qualité de nos produits certifiés à l’Europe et à l’International a facilité notre développement. Bien que PME de moins de 50 salariés, Santos s’implique dans l’élaboration et le suivi des normes européennes depuis plus de 25 ans.
La participation aux travaux de normalisation, quel intérêt pour Santos ?
Les groupes de travail européens sont des lieux d’échanges entre les différentes parties prenantes, constitués de membres représentant des professionnels du secteur, des organisations syndicales, ministérielles ou plurisectorielles, originaires de tous les pays de l’Union européenne.
Notre objectif était de mieux comprendre la normalisation, ses contraintes et ses interprétations, de manière à pouvoir appliquer au mieux les textes en vigueur et anticiper lors de la conception de nouveaux produits. Nous avions besoin de participer aux commissions de normalisation et aux groupes de travail dédiés pour passer d’un statut d’observateur à celui d’expert métier.
Les groupes de travail auxquels je participe permettent de trouver un équilibre entre la nécessité de réduire les risques de blessures pour les utilisateurs de la machine, l’aptitude à la fonction de la machine et les contraintes économiques.
Depuis 25 ans, je suis expert métier dans plusieurs instances de normalisation française et européennes, avec plusieurs casquettes :
- Membre du CENT/TC 153 : Machines professionnelles destinées à être utilisées avec des denrées alimentaires ;
- Président de la commission de normalisation UNM 28 "Equipements agro-alimentaires- Préparation et conditionnement", groupe miroir français du groupe européen CEN/TC 153 ;
- Membre du CEN/TC 153/WG13 "Hygiène" ;
- Animateur du CEN/TC 153/WG4 Catering equipment (blender, coupe-légumes…. Et bientôt : machines à café…), accompagné par un secrétaire français de l'équipe UNM ;
- Membre de l'ISO/TC 199 "Sécurité des Machines" et de l'ISO/TC 326, chargé de porter au niveau international tous les travaux du CEN/TC 153.
Notre action nous a permis de remonter et sensibiliser les groupes de travail sur l’état de l’art technique des machines mises sur le marché et ainsi pouvoir défendre nos intérêts.
Votre plus grand succès ?
En normalisation, les intérêts sont collectifs et individuels :
- Collectifs : pousser les industriels à revoir la conception des machines pour évoluer vers des machines à faibles risques pour l’utilisateur ;
- Individuels : mettre en avant ses propres innovations techniques pour obliger ses concurrents à faire évoluer leurs produits ou les retirer du marché. C’est une manière légale de réduire les distorsions de concurrence.
Participer aux groupes de travail a permis à Santos d'orienter le contenu des normes pour défendre ses intérêts.
La plupart des fabricants européens conçoivent et fabriquent depuis des années des appareils fonctionnels et sécurisants pour l’utilisateur : créer des normes produits, c’est restituer l'état de l’art de ces solutions techniques. Ces normes harmonisées sont un garde-fou contre l’importation de machines issues de zones géographiques dans lesquelles la sécurité de l’utilisateur revêt moins d’importance.
L’élaboration de normes est un travail de longue haleine, mais c’est surtout un atout concurrentiel pour tous les fabricants impliqués dans les groupes de travail : ils peuvent faire pencher la balance de leur côté.
Crédit photo : Santos